Ce matin le temps semble dégagé, nous nous levons tôt pour anticiper un éventuel changement de programme sur les vols si ceux-ci ont lieu.
Rien de météorologique ne semble contre indiquer les vols et pourtant le temps passe. 9h, 10h, ...
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Le KT au réveil, beau temps ! |
Soudain la délivrance, le flip-flap du MI-8 se fait entendre mais surprise, il arrive de l'est ? plus à l'est que le Khan-Tengri d'ailleurs et donc avec un survol du territoire chinois, la situation géopolitique n'est peut-être finalement pas si tendue que ça autour de cette frontière.
Nous obtenons confirmation de notre place dans le troisième vol. Il faut au bas mot 1h par aller-retour à Mayda-Adyr sans compter les temps de chargement et de déchargement. Nous avons donc tout notre temps pour déjeuner et boucler les sacs tranquillement. De grosses quantités de fret sont en tout cas débarquées du premier hélico. On y trouve même de l'eau en bouteille, véritable luxe alors que l'eau qui coule du glacier passe très bien même si trouble l'après-midi.
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Le boss attendant le troisième vol |
Nous sommes à une dizaine de mètres du spot d'atterrissage lorsque le MI-8 arrive. J'ai été évacué en hélico une fois en France à bord d'un EC-145 de la sécurité civile et le moins que l'on puisse dire c'est que le souffle n'a rien à voir. Le MI-8 joue plusieurs classes au dessus coté gabarit et il nous est impossible de photographier l'atterrissage tant le souffle est puissant.
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Embarquement immédiat à bord |
L'intérieur est particulièrement spacieux, nous sommes une quinzaine de passagers avec de bons bagages et il y a encore de la place pour d'autres.
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Content d'embarquer ! |
Le vol débute et nous partons plein ouest en descendant l'Englicheck sud en rase motte sur le glacier. C'est très impressionnant, nous avons l'occasion d'ouvrir un hublot pour photographier l'extérieur, là encore le souffle est impressionnant, il faut une main ferme pour ne pas que l'appareil photo ne finisse sur le glacier !
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Rase-motte sur la branche sud |
Arrivés à la jonction nous obliquons étonnamment au sud pour en fait faire un stop à la prairie Merzbacher et embarquer de nouveaux passagers, cette fois-ci nous sommes véritablement au complet. Un espagnol, entreprend de déplacer des sacs vers l'arrière pour permettre au nouveaux arrivants de déposer les leurs; un des membres d'équipage lui fait comprendre autoritairement qu'il n'a pas intérêt à y toucher en brandissant le poing! surement une histoire de centrage de masse et cela ne plaisante pas dans l'armée Kirghize ... Les nouveaux arrivants sont entre autre nos russes et espagnols que nous avons côtoyés aux camps 2 et 3, ils devaient partir dans le quatrième vol depuis le camp de base et nous les retrouvons à embarquer dans le troisième à la prairie Merzbacher à 20km du camp de base. Bizarre mais ils ont surement du profiter d'une place dans les deux premiers vols pour faire le trajet camp de base - prairie Merzbacher mais alors pourquoi ne pas embarquer simplement dans le troisième vol au camp de base ? quelque chose dans l'organisation russe m'échappe !
Le vol reprend et nous prenons cette fois-ci la direction de la branche nord pour s'en échapper vers le nord par un col à près de 5000m après avoir survolé le lac Merzbacher, vide à cet instant. Ce lac immense se vide en 48h périodiquement, par un mécanisme encore inconnu, voir cet
article.
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Élévation au-dessus de la branche nord |
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Après le passage du col 4800, un nouveau glacier immense au nord de l'Engilcheck nord |
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Une enfilade de 4000 d'apparence débonaires |
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Première retrouvaille avec de la verdure |
Le vol se terminera par un gros virage avant l’atterrissage, notre pilote aime les sensations !
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Fin de la journée et plein de kérosène, il n'y aura pas de quatrième rotation |
Ce vol en plus de nous amener à un endroit accessible en marshrutka est se surcroit bien plus long et bien plus intéressant par la diversité des paysages que la variante Mayda-Adyr, nous le recommandons fortement ! Le budget hélico est étonnamment le même et on évite un complexe cheminement en jeep coûteux.
Arrivés sur place ce n'est cependant pas la foule. Karkara est un cul de sac à touriste ou trône un camp "ultimate aventure". A la vue des résidents promenant leurs valises à roulettes on en déduit que la définition de l'ultimate n'est pas la même pour tout le monde ;)
Une marshrutka est néanmoins sur place pour embarquer trois gars qui roulent avec Ak-Sai travel et qui rentrent sur Bishkek. Le chauffeur est néanmoins très partant pour rentabiliser son trajet et nous embarquer tous pour une dépose sur la route entre Bishkek et Karakol, à environ 30km de cette dernière près de Tyup. L'affaire se règle pour 500com par tête. Le trajet durera environ 3 heures sur une alternance de piste et de route. De nombreuses productions de miel installées sur des remorques jalonnent cette route.
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Remorque de ruches |
Nous arrivons ainsi à une gare de taxi près de Tyup.
La situation va bizarrement se tendre à ce moment avec nos compagnons de route. Trois taxis sont présents, les espagnols se dirigent vers le premier, les russes se ruent sur le second et chargent leurs bagages alors naturellement nous nous dirigeons vers le dernier pour commencer la négo tarif. Ceci fait on charge les bagages et on embarque. C'est ce moment qu'un des russes choisit pour récupérer ses bagages et les dropper dans notre taxi tout en appelant son pote qui sirote une bière achetée précipitamment en descendant de la marshrutka. Il est évident que nous ne rentrerons pas à cinq avec les bagages dans le véhicule, le second russe est vraisemblablement plus préoccupé par sa bière que par l'endroit où il dormira ce soir et de surcroît nous visons le guest house de l'aller et eux le yourt camp.
S'en suivra une ferme explication avec le russe pour qu'il dégage ses bagages et que l'on puisse partir.
Sérieusement il sera temps de descendre des canettes quand on sera posés ! Nous partons à moitié sous les insultes des russes et espagnols, dommage, si je n'avais aucun feeling particulier avec les deux russes la paire d'andalous m'était sympathique...
Notre chauffeur après avoir roulé comme un timbré jusqu'à Karakol n'a rien compris à l'adresse et nous emmène au yourt camp où nous retrouvons la bande qui s'est finalement décidé, nouvel échange de politesses. Nous retrouverons finalement le 114 mourmanskaia, une chambre de trois est dispo, parfait!
Le soir nous marchons sur Toktogul en direction du centre pour trouver pitance. Un resto servant des shashliks (ie brochettes) retient notre attention, nous n'avons pas avalé de viande fraîche depuis vingt jours hormis nos saucissons d'import ! C'est un endroit assez classe et la généreuse portion de shashliks accompagnée de trois pintes nous coûtera la modique somme de 1300com, une petite vingtaine d'euros à trois.
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Curieuse entrée d'un gout douteux sur Toktogul |
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Bien content de se poser autour d'une tournée de pintes ! |
C'est repus que nous rejoindrons nos pénates pour une première nuit dans un lit depuis bien longtemps. Bizarrement je trouverais difficilement le sommeil ...