vendredi 31 juillet 2015

31/07/2015 - Retour au camp de base

Dernier jour en haute altitude, le réveil est fixé à 4h pour passer la bouteille et arriver au camp 1 avant de risquer de prendre une coulée sur la courge.

Jolie lumière sur le Pobeda au réveil

Le KT toujours aussi majestueux en ce dernier jour à son pied
La descente se passe bien, nous croisons quelques groupes engagés dans la montée, relativement tardivement d'ailleurs. Toujours personne d'encordé alors qu'il y a une belle couche de fraîche propice à masquer une crevasse. 
Nous arrivons rapidement au camp 1.
Camp 1

La couche de fraîche nous permettra de repérer aisément la trace vers le camp de base qui suit la rive droite en partant du camp 1 alors que nous arrivions d'habitude plutôt du centre du glacier.
Trace bien visible sur la neige fraîche



Ce retour sera un calvaire, nous avons décidément bien entamé notre capital énergie ces derniers jours! J'ai les pieds en purée, les jambes ne veulent plus me porter et je bute dans presque tous les cailloux qui se présentent !
Pause avant le dernier kilomètre toujours aussi teigneux

...
Après une sieste nous partons voir Dima, le chef du camp de base, pour gérer l'hélico du retour. Il y en aurait un de prévu pour le lendemain 7h ! Nous imaginions rester encore un ou deux jours au camp mais bon pourquoi pas après tout. Henri a par ailleurs négocié au passage l'échange d'une de ses cartouches de gaz inutilisée contre deux bières, elles finiront dans le frigo naturel du torrent avant de nous ravir !

Nous revenons deux heures plus tard pour régler le trajet, c'est d'un coup beaucoup plus compliqué, Dima a vraisemblablement un bon coup dans l'aile et la communication est laborieuse, nous réglons finalement les 200€ par tête pour un vol en direction de Karkara. Le tarif est le même que pour Maida Adyr et le retour sur Karakol sera bien plus aisé car la route permet de circuler en marshrutka. Nous économiserons donc la jeep, que nous aurions d'ailleurs eu du mal à commander en arrivant à Maida Adyr.

Nous repassons le soir pour apprendre que le vol du lendemain est en direction de Maida Adyr et que nous avons donc au moins une journée d'attente. Cela n'est pas pour nous déplaire, nous avons des provisions en nombre à écouler avant le retour et avec les deux tentes au camp de base nous sommes assez confort.


jeudi 30 juillet 2015

30/07/2015 - Débandade au camp 3 et fuite au camp 2

Vers 4h30 nous commençons à refaire les sacs en prévision de la sortie avec l'aube à 5h. Étant sortis les premiers nous empruntons la pelle de notre voisin encore terré dans sa tente, les conditions sont dantesques, un fort vent charrie une quantité phénoménale de neige qui fouette le visage, le masque de ski étant inutile car instantanément couvert de buée. Je remonte l'enfilade de tente pour récupérer une seconde pelle elle aussi non-utilisée. Nous pelletterons durant plus de deux heures, avec toute l'énergie disponible à 5800m après deux nuits presque blanches. La tente prendra d’innombrables coups de pelle, les arceaux ne ressemblent plus à grand chose non plus. Nous finirons par retrouver notre pelle après 1h de pelletage. A 7h30 nous déguerpissons, il règne une atmosphère de chaos général au camp, tout le monde à fuit, certains abandonnant leur tente éventrée dans la nuit. Nous n'avons pas chaussé les crampons, ne sommes pas encordés, Max par avec un cabas de course à la main (!), les sacs sont chargés n'importe comment mais qu'importe, il faut fuir, au moins 200m plus bas pour être à l'abri du vent qui règne autour du col.

Nous nous arrêterons finalement deux fois, la première pour replier la tente correctement, Henri la traîne depuis quelques dizaines de mètres comme un parachute et une seconde pour s'équiper sérieusement. Nous voyons des crevasses sur les bords du glacier et même si nous sommes au centre par question de laisser la panique nous faire faire n'importe quoi. C'est donc crampons pour tout le monde et encordement. Au passage Max se gèlera un pouce, probablement au contact de la ferraille des crampons mais il s'en rendra compte à temps pour le secouer et retrouver des sensations.

Nous descendons ainsi encordés jusqu'au camp 2, il y a eu un temps hésitation pour descendre directement au camp 1 mais le temps a tout de même filé et la descente du camp 2 au camp 1 est exposée à une monstrueuse avalanche qui partirais au dessus du sérac du Chapaiev. Nous sommes d'ailleurs témoins de nombreuses petites coulées. Nous sommes par ailleurs totalement anéantis par le manque de sommeil et le terrible effort consenti pour arracher la tente à la neige ce matin et la perspective de se reposer au camp 2 avant les quelques passages techniques de la suite de la descente nous parait tout à fait sage. Nos compagnons du camp 3 sont quant à eux tous descendus directement.

Nous n'avons évidement aucune photo de toute cette baston même si on aurait bien aimé, il était plus stratégique de sauver notre peau !

Repos au camp 2 après la guerre
Le KT se dégage dans la journée comme pour nous narguer:

Le contraste de conditions est monumental, à l'abri du vent et au soleil nous finissons presque en t-shirt. Le soleil est en tout cas assez intense pour nous permettre de faire sécher doudounes et duvets.

L'après-midi sera sous le signe de la sieste comme vous pouvez l'imaginer.

Toujours le KT

Jolie lumière en soirée dans la vallée


mercredi 29 juillet 2015

29/07/2015 - Repos au camp 3 5800m

Au réveil il est nécessaire de pelleter longuement pour dégager la tente. Il neigera une bonne partie de la journée et nous renouvellerons le pelletage régulièrement.
Observez le niveau de la neige en bas de la fenêtre,
le bas de la fenêtre est normalement à 50cm du sol environ
Il neigera une bonne partie de la journée ensuite.
Ambiance dans l'après-midi

En fin de journée certaines tentes ont bien mal aux dents:
Le camp à 19h

A 19h le vent est tombé et le soleil se dégage. Gros sursaut d'optimisme, un des espagnols pense faire un aller-retour à 6400 le lendemain, nous envisageons avec Max de suivre ses traces sans toutefois monter si haut. Henri s'est quant à lui résigné pour le sommet, il envisage en aller-retour au pic Petka 6100 qui domine le camp, comme cinq ans auparavant.

Le décor est en tout cas splendide avec la lumière très chaude de la fin de journée sur le Khan-Tengri d'un coté et sur le Chapaiev de l'autre.

Le Khan-Tengri

Le Chapaiev
Cela ne présage pas du tout de la nuit que nous allons passer qui scellera l'échec pour ce qui est du sommet. Si la nuit précédente avait été épouvantable, la suivante sera abominable. Notre tente est particulièrement exposée car située la première sur la congère mais tout le monde en prendra néanmoins pour son grade cette nuit. Je dégage une dernière fois la tente de sa gangue de neige avant d'aller me coucher et commet la première erreur, laisser la pelle dehors. Elle est certes plantée verticalement mais cela s’avérera insuffisant pour la retrouver durant la nuit.

Vers une heure trente la situation de la tente devient critique. La neige a depuis longtemps réduit la longueur tandis que dans la largeur ce sont d'abord les absides qui morflent, sans que nous en ayons conscience dans la chambre. Lorsque nous ouvrons la porte de la chambre vers une heure trente donc, l'abside n'existe plus. Max me suggère d'attendre le levé du jour car il voit un début d'aube, je ne sais pas trop ce qu'il a vu car il est en fait 1h30 et l'aube n'arrivera que vers 5h, nous prenons la décision de sortir pelleter et c'est Max qui s'y colle. Il s'habille comme un cosmonaute et se contorsionne pour sortir de la tente par le haut de la porte, tout le bas étant enseveli. Il ne retrouve pas la pelle plantée du coté d'Henri, la hauteur de neige par rapport à notre installation l'avant veille dépasse probablement les deux mètres ! Max s’affairera comme il peut, mais sans pelle impossible de faire grand chose. A son retour dans la tente c'est clair, nous allons fuir comme nous pourrons au levé du jour si la tente tient jusque là ... Je garde ma frontale sur le crâne au cas où et je ne sais pas trop pourquoi reste accroché au téléphone satellite jusqu'à l'aube, bien malin celui qui pourrait nous sortir de cette merde quand bien même j'arriverais à le joindre !
Henri entreprend une sortie vers 3h30 avec aussi peu de succès. Lors de sa sortie je demande à Max si il est bien au bord de la tente car il n'y a presque plus assez de place pour le retour d'Henri. Max est déjà sur la tranche, tanké dans l'angle de la tente mais notre 3 places est devenue une 1.5 place !

mardi 28 juillet 2015

28/07/2015 - Montée au camp 3 5800m

Ce matin, la cordée formée par un secouriste et un salarié d'Ak-Sai travel plie boutique. Après avoir appelé en radio le camp ils descendent. Voila qui ne présage rien de bon. Ils nous conseillent de monter ou de descendre mais de ne pas rester au camp 2, de gros cumuls de précipitations sont attendus et le camp 2 n'est pas à l'abris d'une grosse coulée. 
Nous prenons la décision de monter, les espagnols et russes présents font de même. Nous partirons les premiers, à nous la trace dans les 15cm de fraîche tombés entre hier et la nuit. Comme avant-hier Max prend le lead et je clos la marche.

Temps maussade pour la montée
A mi-course nous inversons les rôles. Je marche environ une heure en tête jusqu'à effectuer une pause. A ce moment nous laissons passer les russes et les espagnols qui ont profité des traces pour nous rattraper. La suite est plus cool, nous profitons à notre tour des traces. Comme à l'arrivée au camp 2 cela se termine par un raidillon mais la forme est meilleure et nous arrivons tranquillement au camp 3 en quatre heures de marche environ. Nous avons donc fait du 125m/h, c'est extrêmement faible à la vue de mon expérience alpine, et pourtant j'ai bien senti que nous étions presque à bloc, on aurais surement pu pousser à 150m/h mais certainement pas au-delà. La haute altitude c'est vraiment un autre monde. Quoi qu'il en soit je pulvérise à nouveau mon record d'altitude, nous sommes à 5800m.

Petite pause
Le camp 3 visible en haut, il est sous le col, à "l'abri" d'un énorme sérac

L'enfilade de tentes au camp 3

Comme lors de la monté au camp 2 je ne suis pas au top dans l'après midi mais un repas et un cacheton de Dolliprane me remettent d'aplomb.

L'après-midi est tantôt neigeuse tantôt dégagée.

Belle vue sur le KT et son arête terminale, si loin si proche

De l'autre coté la vallée

Et ici le Petka qui surplombe le camp
Dans la nuit nous comprenons rapidement que le lieu d'implantation du camp 3 est complètement stupide, le vent transporte énormément de neige et même s'il n'en tombe finalement pas énormément du ciel le cumul sur la tente est impressionnant. Nous passerons une nuit assez difficile à sortir par deux fois pelleter pour préserver la tente et maintenir l'espace vital. En effet, avec la charge de neige les parois s'affaissent et la longueur réduit notablement, il s'en suit que les duvets touchent aux pieds prenant ainsi l'humidité.

lundi 27 juillet 2015

27/07/2015 - Repos au camp 2 5300m

Après la montée de la veille nous avons rapidement conclu que nous avions tapé dans la machine et qu'une journée de repos/acclimatation était plus que nécessaire. La météo est mitigée mais nous passerons une bonne partie de la journée dehors tout de même. Max a retrouvé la forme ce midi, tout le monde est plutôt bien.
Le sommet, bouché
Dans la matinée plusieurs cordée sont arrivées, deux locaux - un guide et un sauveteur-, deux russes et deux espagnols avec qui nous sympathiserons.
Qu'à cela ne tienne, on casse la croûte !
Lors du déjeuner le soleil est de sortie et il fait aussitôt très chaud. Un des locaux sors de la tente avec un accoutrement fabuleux, il porte une combi intégrale en polaire sans avoir enfilé le haut - il est donc plus ou moins torse nue avec un bas de pyjama -  un masque de ski et une paire de grosses ! Nous n'avons pas osé la photo mais cela valait le détour !
Cela se débouche ponctuellement

Le commandant Cousteau guette la météo ;)

Temps maussade pour conclure le dîner
Bilan des courses, après un après-midi de la veille assez dur niveau altitude, la journée de repos a permis de bien recharger les batteries, aucun symptôme de mal des montagnes, on continue !
Pour ma part ce camp représente la plus haute altitude jamais atteinte je suis donc plutôt rassuré quant à ma capacité à aller en haute altitude.



dimanche 26 juillet 2015

26/07/2015 - Montée au camp 2 5300m

Le réveil sonne à 3h comme prévu. En sortant de la tente une cordée est déjà au départ. Nous partirons vers 4h30, peut être un peu tard. Dans la pénombre nous errons quelque peu au départ, pas évident de prendre pied sur la zone en neige qui a l'air bien accueillante de loin.
Max à pris le lead, Henri est au milieu et je ferme la marche. Le rythme est bon et régulier, on adapte bien la vitesse de progression à la pente.
Quelques crevasses monumentales ornent l'itinéraire, certaines équipées de cordes fixes. Étant encordés elles ne nous sont d'aucune utilité, nous croisons cependant quelques personnes à la descente toutes non-encordées. Au passage d'une crevasse certains tiennent la corde fixe à la main (!), autant pisser dans un violon en cas de chute mais bon, chacun voit midi à sa porte.

Nous effectuons notre première pause vers 7h, nous avons bien bourriné jusque là, nous sommes dans une zone à peu près safe (enfin par rapport à ce que nous avons traversé avant) et l'hypoglycémie n'est plus très loin. Le temps aussi de prendre de photos et déjà de se retourner, nous avons pris 700m sans nous retourner et le spectacle est splendide !
Bassin supérieur de l'Engilcheck

Henri

Max

Xavier
A l'issue de cette pause nous inversons l'ordre de progression, je prend le lead tandis que Max clos la marche. Nous allons arriver au passage dis de la "bouteille", une étroiture exposée aux chutes de pierres où il faudra encore cavaler. Un passage raide est équipé d'une corde fixe, on sort le jumar, à cet altitude avec un gros sac cela représente un bel effort.

Sortie de la "bouteille", on peut enfin se poser sereinement


Le camp 2 est en vue tout comme le KT sous un très bel angle. Il reste néanmoins une dernière raideur que j'imagine laborieuse. Elle doit faire 60m tout au plus, la neige commence à transformer sérieusement et à enfoncer et nous sommes à 5200m. J'ai cru crever à remonter cette pente qui a du prendre une heure. Arrivés au camp nous constatons que nous avons suivi une trace de descente et qu'une trace de montée plus longue mais en pente beaucoup plus douce contournais la raideur par la gauche, tans pis, maintenant nous y sommes, affalé dans la neige sur nos sacs.
Le KT depuis le camp 2
Contents d'être arrivé !
Après une arrivé ou je n'étais pas au top, le déjeuner et surtout la réhydratation m'ont requinqué, Max a étonnamment suivi le chemin inverse, arrivé correct il ne mangera pas le soir.


samedi 25 juillet 2015

25/07/2015 - Départ pour le camp 1

C'est aujourd'hui le grand départ, nous partons donc pour cinq ou six jours avec à la clef, on l'espère, le sommet entre le 29 et le 31. Hier deux espagnols croisés au camp de base nous ont annoncé un changement de météo, shit ! De toute façon on va aller voir, il est grand temps de passer à l'action.

Nous empruntons donc l'itinéraire kairné par Max la veille et effectivement même si il serpente pas mal il évite les passages raides et s'avère confortable, nous joindrons le camp 1 en environ 3h, pas mal avec le chargement que nous avons, j'ai chargé mon sac comme un blaireau avec beaucoup de poids en haut et même s'il n'est pas très lourd il me déstabilise énormément. Nous arrivons vers midi, la pluie se met à tomber, on monte rapidement la tente pour se mettre à l'abris. Cette fois nous nous sommes encordés pour le passage des bédiaires, inutile de prendre des risques inutiles et nous avons le matériel, car si la corde ne nous gardera par au sec en cas de rupture du pont de neige elle devrait nous garder en vie, c'est plutôt bon à prendre !
A l'abri sous la tente au C1
Il pleut ainsi toute l'après-midi, cela se transforme même en grésil en fin d'après-midi avec le refroidissement. On commence à s’inquiéter du chargement des pentes supérieures qui dominent la montée au camp 2 que nous devons emprunter demain. Heureusement c'est plus bruyant sur la toile de tente que ce qui tombe vraiment. Le réveil est prévu pour 3h histoire de passer la zone craignos de très bonne heure.
Petite éclaircie au C1
La voie vers le camp 2
Glacier en face, en rive gauche de l'Engilcheck
Le soir nous faisons la connaissance d'Irina, une jeune russe qui attends au camp 1 ses partenaires partis en altitude. Bien contente de trouver un peu de compagnie et nous aussi, depuis Bishkek nous n'avons pour ainsi dire causé à personne. Elle parle un bon anglais et même si les sujets de conversations sont bien plats cela est très agréable.

Demain l'étape est exposée, dans l'ordre, aux avalanches, aux chutes de pierres et aux chutes de séracs. Cela fait beaucoup, avec de surcroît 1000m de D+ pour atteindre notre plus haute altitude sans acclimatation préalable. Cela ne manque pas, comme toutes les veilles de grosses courses, impossible de trouver le sommeil.



vendredi 24 juillet 2015

24/07/2015 - Repos au camp de base

Dernière journée de repos avant le grand départ. On se réveille vers 9h30 pour le désormais traditionnel porridge miel-abricot. 
Vers midi une distraction arrive sous la forme d'un MI-8 qui se pose. Comme il ne redécolle pas immédiatement comme d'habitude nous nous approchons de la bête.
MI-8 posé au camp de base
C'est assez rustique comme construction, c'est un modèle dont le développement date des années 70. Le poste de pilotage est très minimaliste, un GPS moderne a été scotché entre les pupitres du pilote et du copilote, c'est original d'autant que bossant dans l'aéronautique je suis habitué à des standards plus actuels!
Quelques réparations de fortune sont également visibles ...

Le pilote évalue le niveau de kérosène dans le réservoir du camp de base (en jaune au dessus), pas de jauges il tapote dessus et écoute, avec de l'habitude cela doit être fiable! Dernier moment de rigolade quand nous voyons le pilote faire le tour de l'hélico, pour un check pré-décollage pensons nous, que dalle c'est pour aller pisser derrière !

Le deux rotations déchargent en tout cas beaucoup de passagers. Nous apprendrons qu'il s'agit d'une expédition commémorative des 70 ans de l'ascension du Pobeda, pic de la Victoire en russe, baptisé ainsi pour fêter la victoire lors de la bataille de Stalingrad en 1943.
Le drapeau de l'expé commémorative
Nous profitons de la journée pour une dernière toilette, l'eau doit être aux alentours de 1-2°C mais en remplissant quelques bouteilles laissées au soleil quelques heures on arrive à un résultat supportable, et quel confort après !

Max entreprends de kairner un itinéraire au départ de notre tente sur le premier kilomètre qui pose tant de soucis afin d'être efficace le lendemain.

jeudi 23 juillet 2015

23/07/2015 - Portage et dépose au camp 1

Au matin de cette journée nous observons l'atterrissage d'un MI-8 qui ravitaille le camp de base et dépose de touristes. J'emploi le terme de touriste car il ne s'agit effectivement pas d'alpinistes, nous le découvrirons rapidement. Il s'agit d'un groupe de japonnais venus dormir au camp de base et marcher une après midi en direction du Pobeda, probablement la même ballade que celle que nous avons effectué la veille. C'est marrant, ils ont la vraie dégaine de touristes avec les gros appareils photos autour du cou, on se croirait en plein Paris s'il n'y avait le décors !
Arrivée d'un MI-8

Afin de reconnaître l'itinéraire jusqu'au camp 1 nous prévoyons un aller-retour à la journée. Et quitte à marcher autant porter un peu de ravitaillement, pas trop néanmoins car nous ne connaissons pas l'itinéraire et nous risquons donc de pas mal tourner. Nous emmenons donc les provisions pour cinq jours ainsi que 4L d'essence qui nous servirons également pour ces cinq jours.

Il s'avérera que la partie la plus complexe pour cheminer est le premier kilomètre en partant du camp de base. Il faut traverser une zone de moraine jusqu'à prendre pied sur la glace vive du glacier. Nous perdrons environ une heure à cheminer dans toutes les directions tout comme le groupe aperçu hier ici même. Nous passons entre autre par les vestige d'un ancien camp de base. C'est tout aussi dégueulasse que les abords du camp actuel, tout a été abandonné en place, déchet, matériaux de construction, ... il reste même une cabine de chiotte debout, c'est assez incongru au milieu de la caillasse!

Nous découvrons également les restes d'un hélico crashé il y a quelques années ici même, c'est encourageant pour le retour...

Nous traversons plein nord peu après la cabane de chiotte à la vue d'un fanion "ak-sai" sur la partie en glace vive. Nous traversons ensuite une bédiaire sur un pont de neige limite suivie d'un peu de crapahute, c'est assez acrobatique car si nous avons troqué les pompes de trek pour les pompes d'alpi nous avons néanmoins laissé les crampons au camp. On procède très précautionneusement, pas envie de se la coller dans la bédiaire car la sanction serait la même que durant le trek ... Nous croisons un groupe d'espagnols qui errent comme nous dans cette zone à la recherche d'un passage dans l'autre direction. Ils se plaignent au passage du balisage, sans blague ! il n'y a rien !

La suite déroule beaucoup plus, nous sommes sur une zone moins tourmentée et cela file.
Immensité glaciaire, à l'ouest

Immensité glaciaire, à l'est
L'arrivée au camp 1 présente une dernière difficulté, deux bédiaires à traverser. La première est la plus ardue et nécessite encore un saut relativement risqué. Cet obstacle passé nous trouvons un pont de neige sur la seconde et arrivons au C1. Après un casse-croûte mérité nous trouvons un spot de dépose que nous recouvrons de cailloux après avoir tout mis à l'abris de la pluie dans un immense sac poubelle de 200L amené par Henri. Il est 14h, il faut rentrer.
Le retour se fera en trois heures, une de moins qu'à l'aller même si nous galérerons encore aux abords du camp de base. Concernant le cheminement proche du C1 nous découvrirons lors de notre retour définitif qu'il vaut mieux longer la rive droite du glacier assez longtemps en partant du C1, les deux bédiaires problématiques disparaissent dans les profondeurs du glacier et on évite une prise de risque inutile.
Camp de base au loin

Joli lac glaciaire
Contents d'être ici !
Au retour nous repérons des traces qui nous permettraient d'éviter le passage où nous avons croisé les espagnols. En effet, deux excellents ponts de glace permettent de traverser les bédiaires en toute sécurité. La fanion de l'aller nous a induit en erreur, en plus d'être rares ils sont faux ! Arrivés à la cabane de chiotte nous aurions du continuer un petit kilomètres sur la moraine avant de prendre pied sur la glace vive.

L'après-midi s'achève à notre retour au CB, l'aller-retour au C1 est assez épuisant et traumatisant pour les pieds, 14km sur du plat en grosses cela laisse des traces. On sort l'elastoplast et les compeeds!

Jolies lumières sur le KT au soir
De retour au camp on élabore le planning, demain se sera repos et après-demain grand départ.