Vers 4h30 nous commençons à refaire les sacs en prévision de la sortie avec l'aube à 5h. Étant sortis les premiers nous empruntons la pelle de notre voisin encore terré dans sa tente, les conditions sont dantesques, un fort vent charrie une quantité phénoménale de neige qui fouette le visage, le masque de ski étant inutile car instantanément couvert de buée. Je remonte l'enfilade de tente pour récupérer une seconde pelle elle aussi non-utilisée. Nous pelletterons durant plus de deux heures, avec toute l'énergie disponible à 5800m après deux nuits presque blanches. La tente prendra d’innombrables coups de pelle, les arceaux ne ressemblent plus à grand chose non plus. Nous finirons par retrouver notre pelle après 1h de pelletage. A 7h30 nous déguerpissons, il règne une atmosphère de chaos général au camp, tout le monde à fuit, certains abandonnant leur tente éventrée dans la nuit. Nous n'avons pas chaussé les crampons, ne sommes pas encordés, Max par avec un cabas de course à la main (!), les sacs sont chargés n'importe comment mais qu'importe, il faut fuir, au moins 200m plus bas pour être à l'abri du vent qui règne autour du col.
Nous nous arrêterons finalement deux fois, la première pour replier la tente correctement, Henri la traîne depuis quelques dizaines de mètres comme un parachute et une seconde pour s'équiper sérieusement. Nous voyons des crevasses sur les bords du glacier et même si nous sommes au centre par question de laisser la panique nous faire faire n'importe quoi. C'est donc crampons pour tout le monde et encordement. Au passage Max se gèlera un pouce, probablement au contact de la ferraille des crampons mais il s'en rendra compte à temps pour le secouer et retrouver des sensations.
Nous descendons ainsi encordés jusqu'au camp 2, il y a eu un temps hésitation pour descendre directement au camp 1 mais le temps a tout de même filé et la descente du camp 2 au camp 1 est exposée à une monstrueuse avalanche qui partirais au dessus du sérac du Chapaiev. Nous sommes d'ailleurs témoins de nombreuses petites coulées. Nous sommes par ailleurs totalement anéantis par le manque de sommeil et le terrible effort consenti pour arracher la tente à la neige ce matin et la perspective de se reposer au camp 2 avant les quelques passages techniques de la suite de la descente nous parait tout à fait sage. Nos compagnons du camp 3 sont quant à eux tous descendus directement.
Nous n'avons évidement aucune photo de toute cette baston même si on aurait bien aimé, il était plus stratégique de sauver notre peau !
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Repos au camp 2 après la guerre |
Le KT se dégage dans la journée comme pour nous narguer:
Le contraste de conditions est monumental, à l'abri du vent et au soleil nous finissons presque en t-shirt. Le soleil est en tout cas assez intense pour nous permettre de faire sécher doudounes et duvets.
L'après-midi sera sous le signe de la sieste comme vous pouvez l'imaginer.
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Toujours le KT |
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Jolie lumière en soirée dans la vallée |
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